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VÉNUS EN RUT


rare ; c’est lui qui est surpris, je ne la suis jamais.

Ce que je dis, en passant, doit devenir l’étude des adolescentes qui veulent entrer dans la carrière galante ; une femme qui ne sait pas commander à ses muscles, à ses nerfs, n’est pas faite pour en tirer longtemps parti : il est des positions où la courtisane la plus connue a besoin de dissimuler ; nous avons notre politique ; elle vaut mieux que celle de Machiavel.

Le second rendez-vous fut plus agréable ; moins d’inquiétude, plus d’adresse nous rendirent promptement heureux. Je n’avais senti, la veille, que l’approche du plaisir ; malgré les légères cuissons qui en éloignaient encore l’existence, je le connus ; nature, jeunesse, santé sont des maîtres uniques. Je me prêtai à tout, je saisis, avec un frémissement inconnu, le viédas[1] de mon amant ; j’aidai à le diriger dans sa route obscure ; et, n’étant plus effrayée de ses proportions, je hâtai l’instant où répandant ensemble cette liqueur brûlante, qui mit le comble à mon délire, nos âmes confondues s’anéantirent, pour repaître : ce soir, nous eûmes le temps de redoubler ; mon fouteur le désirait, j’en mourais d’envie ; nos sarments, déjà foulés, devinrent le trône de la volupté. Sans s’arrêter aux caresses délicates des habitants de la cour et de la ville ; sans rendre à ma jolie gorge le tribut de louanges

  1. C’est le pseudonyme du mot vit, dans quelques villes du midi de la France.