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ces impressions, par un de ces mots justes et piquants qu’il prend à tâche de trouver.

Il disait de M. de Chateaubriand : « C’est le républicain le plus dévoué à la monarchie. »

Il répétait sous la restauration : « Je serai tranquille sur l’avenir de nos princes légitimes, lorsqu’ils croiront être rentrés chez nous, et non chez eux. »

Au milieu du grand mouvement commercial et industriel qui signala les dernières années du règne de Louis-Philippe, M. Malitourne prétendait que Louis-Philippe avait plus succédé à M. de Villèle qu’à Charles X.

Je demandais à M. Malitourne de se souvenir de quelques-uns de ces traits qu’il jette si souvent au milieu de familières causeries : « Il en est, me répondit-il, de mon esprit comme de mon argent : je n’ai jamais pu prendre sur moi d’écrire ma dépense. »

À M. A. Malitourne se joignirent bientôt une foule d’autres écrivains, qui montrèrent, surtout dans leur vie littéraire, cette marque d’un grand talent, la fécondité : MM. Saint-Marc Girardin, de Sacy, Mérimée, Loëwe-Weimar, Cuvillier Fleury, Sainte-Beuve, Jules lanin, forcé, depuis bien des années, d’avoir de l’esprit et du talent à jour et à heure fixes, et dont le talent et l’esprit, aussi exacts que les aiguilles d’une bonne montre, ne retardent jamais ; Henri Delatouche, Rabbe, Léon Gozlan, Jules Sandeau, Alphonse Karr, et tant d’autres.

Dans le second volume de ces Mémoires, en me rappelant mes jeunes années de la Revue de Paris, je rassemblerai mes souvenirs intimes sur tous ces écrivains