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ront leur place dans ces Mémoires. J’y donnerai quelques crayons des médecins dont le nom restera historique. Grâce à ce que j’ai appris, je pourrai, juge compétent, et à distance des académies et des écoles, dire mon mot sur l’état de la science dont je suis les progrès par goût, sur l’hygiène de l’ouvrier, sur l’hygiène du riche, qui dictent souvent des conseils presque contraires. Je pourrai même divulguer quelques secrets de l’art de vivre longtemps, à l’usage de ceux que la vie amuse.


De mon service dans les hôpitaux date une simple histoire que je dois consigner ici, parce qu’elle fut pour moi, pendant toute ma vie, un encouragement et un touchant souvenir.

Je remplissais pour la seconde fois[1] les fonctions de chirurgien externe à la Charité. Avant d’entrer dans les salles de malades, on se rendait auprès des deux sœurs religieuses chargées de garnir les appareils de compresses, de bandes, de charpie, etc. Ces deux sœurs, auxquelles je ne donnerai ici que des noms d’emprunt, veillaient aussi aux soins de la chapelle pour les services funèbres. L’une d’elles, gravée de la petite vérole, avait un teint jaune, maladif, et une physionomie bien peu sympathique : je l’appellerai sœur Cunégonde. L’au-

  1. J’avais concouru une première fois avec succès pour l’externat et pour l’internat. Mais, envoyé interne à Bicétre, je donnai ma démission, et je fis sous la restauration, pendant un an, le service de chirurgien à l’hôpital de la maison militaire du roi. Ce service manquait d’intérêt. Je concourus une seconde fofe pour l’externat, et je fus nommé le second externe. M. Philippe Boyer, le fils du baron Boyer, fut nommé le premier. L’année suivante, je concourus une seconde fois pour l’internat, et je fus nommé le premier interne.