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Arts disparaît avec la branche aînée des Bourbons, et Robert le Diable ne fut représenté qu’après un délai de dix-huit mois, le 21 novembre 1831, sous ma direction.

Robert le Diable, avant de venir au monde, eut encore à subir bien des péripéties, bien des émotions, que je raconterai en écrivant mes souvenirs de directeur de l’Opéra.

Je pourrai alors étudier la physionomie si curieuse, si intéressante de M. Meyerbeer, de ce grand maître poursuivi par le génie et par le démon de la musique. Faites, tête à tête avec un inconnu, deux ou trois cents lieues, et vous pénétrerez tous les secrets de son esprit et de son cœur. Faites répéter un opéra en cinq actes pendant trois ou quatre mois côte à côte avec l’auteur de la partition, et vous aurez vu clair dans toutes les pensées, dans tous les sentiments de ce compositeur, ballotté sans cesse par des mouvements de joie, de crainte et de désespoir.

Boïeldieu, qui composa et fit exécuter ses premières partitions sous l’empire, donna au théâtre de l’Opéra-Comique son chef-d’œuvre, la Dame blanche, sous la restauration.

Ce fut le génie de Rossini qui accomplit la grande révolution musicale en Europe.

En France, soyez un instant armé d’un certain pouvoir, renversez d’anciens abus, faites des choses nouvelles et utiles, et les sots vous dénigreront. M. le vicomte Sosthène de La Rochefoucauld, chargé de la direction des Beaux-Arts, comprit le génie de Rossini, et lui ouvrit la caisse et les portes de l’Opéra à deux battants ;