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Ces principes étaient depuis longtemps ceux des Guizot et des Bonicel. »

M. Bonicel, grand-père de M. Guizot, du côté de sa mère, nommé procureur général, syndic du département du Gard, remplit les fonctions de cette charge de façon à mériter l’estime et la reconnaissance de ses compatriotes. Montrer dans ses devoirs de magistrat la justice la plus ferme et la plus courageuse, c’est certainement gagner l’affection du plus grand nombre ; mais c’est en même temps faire éclore et cultiver bien des inimitiés. M. Guizot père, gendre de M. Bonicel, hérita des haines qui poursuivaient le procureur général.

Jeune et ardent, M. Guizot père recherchait toutes les occasions de s’expliquer sur la révolution de 89, d’en signaler le but et les bienfaits, d’en justifier les moyens, et de la défendre tout à la fois contre les absolutistes et contre les jacobins.

C’étaient les jacobins qu’il ménageait le moins : il comprenait que les violences de ce parti, s’il parvenait jamais à s’emparer du pouvoir, compromettraient les résultats légitimes du mouvement de 89, et remplaceraient le régime régulier de la liberté légale par la tyrannie sanglante de la Terreur. Les jacobins de Nîmes ne s’y trompaient point ; ils voyaient dans M. Guizot père leur plus redoutable adversaire, celui dont ils devaient se débarrasser le jour où ils deviendraient maîtres.

Les événements se succédaient avec rapidité. Les catastrophes et les crimes fondaient le pouvoir des jacobins, et les amis de M. Guizot père ne tardèrent