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âge, il se faisait distinguer par la gravité de son caractère, de son langage, de son maintien, par la modestie et la simplicité de ses habitudes, par l’honnêteté et la rectitude de sa conduite ; c’était déjà un homme sérieux et un sage.

Peu de temps après son arrivée à Paris, il reconnut que ses études classiques avaient été mal dirigées, et ne sauraient suffire au mouvement des idées nouvelles ; il recommença ses études classiques et littéraires, s’efforçant d’oublier tout ce qu’il savait, afin de mieux retenir ce qu’il voulait savoir ; il apprit les langues grecque et latine, l’allemand, l’italien et l’anglais ; il parvint à parler toutes ces langues avec facilité. Ces études de linguiste marchaient de pair avec des études historiques et philosophiques. On sent dans M. Guizot jeune étudiant la puissance de volonté de M. Guizot homme d’État.

M. Guizot se lia bientôt avec plusieurs personnages déjà importants et dont quelques-uns prirent plus tard divers rôles dans la direction des affaires publiques. M. Guizot fréquentait assidûment le salon de M. Suard.

M. Suard, qui fut membre de l’Académie française, et qui en devint bientôt le secrétaire perpétuel, habitait alors le premier étage de l’hôtel Pastoret, sur la place de la Concorde ; on y rencontrait tout ce qu’il restait d’esprits distingués du siècle précédent ; M. Guizot y fut bientôt remarqué et recherché. Il venait de terminer ses études de droit, poursuivies avec ardeur ; il trouvait un vif intérêt à les rattacher à ses études historiques, éclairant tour à tour l’histoire par le droit et le droit par l’histoire.