troyer, comme nous l’avons déjà dit, après qu’elle eut été révisée par une commission, qui n’y fit que bien peu de changements.
Cette charte constitutionnelle était principalement l’œuvre de M. Royer-Collard et de l’abbé de Montesquiou ; elle n’avait fait que reproduire et consacrer les principes de 89 et déterminer l’organisation d’une monarchie constitutionnelle et modérée.
M. Royer-Collard n’ignorait point que M. Guizot partageait tous les principes consacrés par la charte ; il regardait M. Guizot comme plus apte que personne à les féconder par une législation bien conçue, et à les appliquer avec intelligence et fermeté. Ce fut M. Royer-Collard qui eut la pensée de proposer à M. l’abbé de Montesquiou, ministre de l’intérieur, de s’adjoindre M. Guizot, protestant, en qualité de secrétaire général.
Cette proposition étonna d’abord l’abbé de Montesquiou. « C’est pourtant bien simple, lui dit M. Royer-Collard, et je suis convaincu que si vous acceptez ma proposition, vous vous en applaudirez. Vous êtes un ecclésiastique, et un ecclésiastique ministre de l’intérieur, c’est chose nouvelle en France ; le choix que le roi a fait de votre personne sera bien mieux accueilli si l’on voit un protestant auprès de vous. Quant à M. Guizot, je le connais ; je sais ce qu’il vaut, et je vous en réponds. » M. Guizot fut nommé secrétaire général du ministère de l’intérieur.
C’est ainsi que le jeune professeur d’histoire à la Faculté des lettres, élevé à Genève dans les principes du calvinisme le plus pur et le plus sévère, devint, au ministère de l’intérieur, le collaborateur d’un ecclésias-