longuement médités, soit improvisés avec génie devant des dangers inattendus. Cet homme, c’est Dupuytren.
Il y a toujours de la grandeur dans ces existences entièrement dévouées à d’incessants devoirs, à des études sans relâche, à des recherches sans fin. Ceux qui s’élèvent ainsi au-dessus de leurs rivaux par le caractère, par la passion du travail et du succès, ceux-là ont bien droit de prétendre pendant leur vie aux premières places dans les académies, dans les écoles, et, après leur mort, à tout ce qu’on appelle la gloire, à ces monuments, à ces statues de bronze et de marbre, enfin à tous ces honneurs publics qui éternisent le souvenir d’une vie utile et illustrée. Parmi ces hommes éminents, les uns lèvent la tête avec dignité, avec fierté même ; d’autres ajoutent à tous leurs mérites celui de la modestie ; mais tous les hommes supérieurs ont un vif sentiment secret ou avoué de leur personnalité. Il faut honorer les grandes et nobles ambitions. En pensant ainsi, je dégage tout d’abord la vie et la mémoire de Dupuytren de bien des insinuations calomnieuses de l’envie.
Dupuytren était né en 1777, dans l’arrondissement de Saint-Yrieix, département de la Haute-Vienne. Il fit à Paris les plus brillantes études. Ce fut en 1800 qu’il fut appelé à l’Hôtel-Dieu comme chirurgien en second. Le chirurgien en chef était Pelletan.
En 1808, Dupuytren parvint à se faire nommer chirurgien en chef adjoint. Du titre de chirurgien en second au titre de chirurgien en chef adjoint, il y avait une grande distance ; Dupuytren tenait à la qualité du titre.
On accusa Dupuytren de sourdes et incessantes menées contre Pelletan. Il est vrai que dès qu’il fut chirur-