Page:Vésinier - Histoire de la Commune de Paris.djvu/63

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“ Il est six heures. Nous sortons de cette maison de sang où nous étions depuis deux mortelles heures et d’où chacun de nous ne croyait plus sortir vivant. La garde nationale qui nous escorte et forme la haie autour de nous semble revenue de ses affreux instincts du matin. Le crime odieux qui vient de se commettre pèse sur toutes les consciences et serre bien des gosiers. À peine avions-nous fait quelques pas pour redescendre des buttes que nous voyons accourir effaré et très-pâle un homme vêtu de noir et portant en sautoir une écharpe tricolore.

“ ‘ Où menez-vous ces officiers ? ’ s’écrie-t-il. Il croit qu’on nous mène au supplice, et le malentendu qui s’engage entre lui et notre escorte nous fait perdre du temps, ameute encore la foule et manque de nous devenir fatal. Nous demandons quel est cet homme. On nous répond que c’est M. Clémenceau, maire du dix-huitième arrondissement et député de Paris. Depuis, M. Clémenceau a expliqué à la tribune de l’Assemblée nationale sa conduite dans cette journée. Nous tenons seulement à constater qu’il n’a paru, au milieu de ces scènes honteuses et sanglantes qu’il aurait peut-être pu empêcher, qu’à six heures du soir, après l’assassinat des deux généraux.

“ Nous parvenons enfin au Château-Rouge. Au moment où nous allions y rentrer, nous rencontrons le capitaine Mayer, porteur d’un papier qu’il dit