Page:Vacher de Lapouge - Race et milieu social.djvu/343

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peine mis à jour, tant ses informations sont en retard sur l’état actuel de la science. Les travaux français, surtout, sont laissés de côté à ce point que les divers auteurs me semblent ne pas connaître le français. Il est impossible de se tenir au courant des questions d’hérédité, de sélection sociale, etc., dans de pareilles conditions, car justement ces questions sont en ce moment presque la spécialité des savants français. Si les concurrents avaient utilisé, par exemple, mon Aryen et mes Sélections sociales, comme l’a fait M. Woltmann, ils se seraient évité beaucoup de travail déjà fait, et de nombreuses lacunes, même de nombreuses erreurs. En France nous appelons ce procédé : redécouvrir l’Amérique, et c’est du temps bien perdu.

Je reprocherai également à tous les concurrents de n’avoir pas estimé à leur juste valeur les phénomènes de sélection sociale. L’hérédité, chez l’homme social, ne peut jamais être étudiée à part de la sélection. L’hérédité régit les sociétés en régissant les tendances individuelles des hommes, et l’intervention du milieu physique ou social s’exerce de deux façons, l’une toute viagère en déformant les tendances héréditaires, par l’éducation ou autrement, en empêchant l’individu de faire ce qu’il ferait si ses tendances pouvaient s’exercer librement, l’autre qui modifie profondément l’avenir, en supprimant la descendance de certains hommes, dont les tendances héréditaires, par le défaut de descendants, n’influeront pas sur l’avenir. C’est en somme toute l’anthroposociologie qui a été méconnue, sauf par M. Woltmann, et ce n’était vraiment pas la peine que cette science fit tant de progrès dans ces quinze dernières années pour que les concurrents du concours d’Iéna se plaçâssent sur le même terrain que s’ils avaient écrire vers 1880.