Aller au contenu

Page:Vacquerie - L’Enfer de l’esprit, 1840.djvu/268

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
260
VILLEQUIER.

Bouches où la parole a toujours abondé,
Chaque année, à propos du budjet demandé,
Les avocats verbeux, encombrant la tribune,
Gourmandent rudement l’Art qui les importune ;
Que, prostituant l’âme à d’indignes hymens,
Les traitants affamés s’arrachent l’or des mains ;
Tandis que la critique, en sa triste besogne,
Arrachant quelque plume aux ailes qu’elle rogne,
Jusqu’à ce qu’un peu d’or détourne son courroux,
S’acharne après les noms qui nous prosternent tous
Tandis qu’en ce chaos de fumée et de flamme,
Dans cette ombre où si peu se souviennent de l’âme,
Chacun, échafaudant ses œuvres d’un moment,
Dans ses fécondités pleines d’avortement,
Entasse sur ses jours de fréquentes ruines,
Et, fermant ses deux yeux sur les choses divines
Et sur l’éternité qui s’approche de lui,
S’agite follement sans sortir d’aujourd’hui ;
Souvent, quand l’été vient, laissant là le tumulte
De ces hommes sans foi, sans boussole et sans culte,
Qui, pour gagner le sort, mettent leur âme au jeu,
Las d’entendre le bruit de l’homme, et cherchant Dieu,