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qui dépassent le champ et les ressources de la science sociale. Ces choses profondes émanent de l’immense vie intérieure de chacun — et doivent y demeurer.

Beaucoup de nobles esprits mêlent obstinément le progrès social au progrès moral. Ils n’admettent de révolution temporelle que fleurissant sur une révolution spirituelle et sentimentale qui modifie foncièrement la nature humaine : « Pour changer les choses, disent-ils, il faut changer l’homme ».

Ce prestigieux agrandissement déplace le problème, et le jette dans le vague et l’impossible. Sans doute, si tous les hommes étaient bons, la société se trouverait par cela parfaite, mais rien ne permet de croire que la bonté puisse jamais se répandre au point de prendre naturellement la direction des choses. Les exemples puisés dans les annales des événements prouvent au contraire que l’homme est assez peu perfectible dans son essence individuelle, et que les prédications morales, sentimentales et esthétiques qui ont parfois sou-