Page:Valéry - Œuvres de Paul Valery, Vol 1, 1931.djvu/104

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de cire, si ton être, en quelque manière, ne gardait, je ne sais comment, les formes de ton expérience et la solidité secrète de sa raison… Quant à l’airain liquide, certes, ce sont les puissances exceptionnelles de ton âme qu’il signifie, et le tumultueux état de quelque chose qui veut naître. Cette foison incandescente se perdrait en vaine chaleur et en réverbérations infinies, et ne laisserait après soi que des lingots ou d’irrégulières coulées, si tu ne savais la conduire, par des canaux mystérieux, se refroidir et se répandre dans les nettes matrices de ta sagesse. Il faut donc nécessairement que ton être se divise, et se fasse, dans le même instant, chaud et froid, fluide et solide, libre et lié, — roses, cire, et le feu ; matrice et métal de Corinthe.

— C’est cela même ! Mais je t’ai dit que je m’y essaye seulement.

— Comment t’y prends-tu ?

— Comme je puis.

— Mais dis-moi comment tu essayes ?

— Écoute encore, puisque tu le désires… Je ne sais trop comment t’éclaircir ce qui n’est pas clair pour moi-même… Ô Phèdre, quand je compose une demeure, (qu’elle soit pour les dieux, qu’elle soit pour un homme), et quand je cherche cette forme