Page:Valéry - Œuvres de Paul Valery, Vol 1, 1931.djvu/118

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le monde et l’esprit sont occupés ordinairement : plantes, bêtes et gens… Même, j’ai observé, quelquefois, en écoutant la musique, avec une attention égale à sa complexité, que je ne percevais plus, en quelque sorte, les sons des instruments en tant que sensations de mon oreille. La symphonie elle-même me faisait oublier le sens de l’ouïe. Elle se changeait si promptement, si exactement, en vérités animées et en universelles aventures, ou encore en abstraites combinaisons, que je n’avais plus connaissance de l’intermédiaire sensible, le son.

Phèdre

Tu veux dire, n’est-ce pas ? que la statue fait penser à la statue, mais que la musique ne fait pas penser à la musique, ni une construction à une autre construction ? C’est en quoi, — si tu as raison, — une façade peut chanter ! Mais je me demande en vain comment ces étranges effets sont possibles ?

Socrate

Il me semble que nous avons déjà trouvé.

Phèdre

Je n’en ai que le sentiment confus.