Page:Valéry - Œuvres de Paul Valery, Vol 1, 1931.djvu/74

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Socrate

Folie ! ô Phèdre ; tu le vois clairement. Mais les destins ont arrêté que, parmi les choses indispensables à la race des hommes, figurent nécessairement quelques désirs insensés. Il n’y aurait pas d’hommes sans l’amour. Ni la science n’existerait sans d’absurdes ambitions. Et d’où penses-tu que nous ayons tiré la première idée et l’énergie de ces immenses efforts qui ont élevé tant de villes très illustres et de monuments inutiles, que la raison admire qui eût été incapable de les concevoir ?

Phèdre

Mais la raison, cependant, y eut quelque part. Tout, sans elle, serait par terre.

Socrate

Tout.

Phèdre

Te souvient-il de ces constructions que nous vîmes faire au Pirée ?

Socrate

Oui.