Page:Valéry - Œuvres de Paul Valery, Vol 10, 1938.djvu/122

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phes, de la presse et de ce qu’on pourrait nommer la littérature intensive… vous concevez alors Paris comme événement, événement tout comparable à la création d’une institution d’importance capitale, et à tous les événements significatifs que l’histoire inscrit et médite.

Il n’y a pas d’événement plus significatif que celui-ci. J’ai dit à quoi il répond. C’est une production typique de la France, de la diversité extraordinaire de la France, que cette grande cité à qui toute une grande nation délègue tous ses pouvoirs spirituels, par qui elle fait élaborer les conventions fondamentales en matière de goûts et de mœurs, et qui lui sert d’intermédiaire ou d’interprète, et de représentant à l’égard du reste du monde, comme elle sert au reste du monde à prendre une connaissance rapide, inexacte et délicieuse de l’ensemble de la France.

Les idées sur la France que je viens d’exposer, ou plutôt de proposer au lecteur à titre de pures approximations, me sont venues par une conséquence lointaine de remarques que j’ai faites, il y a fort longtemps, sur un sujet tout particulier.

La poésie a quelquefois occupé mon esprit ; et non seulement j’ai consumé quelques années de ma vie à composer divers poèmes ; mais encore, je me suis plu assez souvent à examiner dans leur généralité la nature et les moyens de cet art.

Or, en méditant sur les caractères physiques de la poésie, c’est-à-dire, sur ses rapports avec la musique, et en développant cette étude jusqu’à une comparaison des métriques et des prosodies de quelques peuples, on ne peut pas ne pas apercevoir un