Page:Valéry - Œuvres de Paul Valery, Vol 10, 1938.djvu/64

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Il ne faut pas hésiter à faire ce qui détache de vous la moitié de vos partisans et qui triple l’amour du reste.

Ce qui plaît à tel dans son parti politique, c’est le vague de l’idéal. Et à tel autre dans le sien, c’est le précis des objets prochains.

Comme on voit communément des anarchistes dans les partis de l’ordre et des organisateurs dans l’anarchie, je suggère un reclassement. Chacun se classerait dans le parti de ses dons.

Il y a des créateurs, des conservateurs et des destructeurs par tempérament. Chaque individu serait mis dans son véritable parti, qui n’est point celui de ses paroles, ni de ses vœux, mais celui de son être et de ses modes d’agir et de réagir.

Toute politique se fonde sur l’indifférence de la plupart des intéressés, sans laquelle il n’y a point de politique possible.

La politique fut d’abord l’art d’empêcher les gens de se mêler de ce qui les regarde.