Page:Valéry - Œuvres de Paul Valery, Vol 2, 1931.djvu/73

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

*
*     *

Il y a des personnages qui sentent que leurs sens les séparent du réel, de l’être. Ce sens en eux infecte leurs autres sens.

Ce que je vois m’aveugle. Ce que j’entends m’assourdit. Ce en quoi je sais, cela me rend ignorant. J’ignore en tant et pour autant que je sais. Cette illumination devant moi est un bandeau et recouvre ou une nuit ou une lumière plus… Plus quoi ? Ici le cercle se ferme, de cet étrange renversement : la connaissance, comme un nuage sur l’être ; le monde brillant, comme taie et opacité.

Otez toute chose que j’y voie.

*
*     *

Cher Monsieur, vous êtes parfaitement « dénué d’intérêt ». — Mais pas votre squelette — ni votre foie, ni lui-même votre cerveau. — Et ni votre air bête et ni ces yeux tard venus — et toutes vos idées. Que ne puis-je seulement connaître le mécanisme d’un sot !