Page:Valéry - Œuvres de Paul Valery, Vol 3, 1933.djvu/118

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Tout se mêle de moi, brutes divinités !
Mes secrets dans les airs sonnent ébruités,
Le roc rit ; l’arbre pleure ; et par sa voix charmante,
Je ne puis jusqu’aux cieux que je ne me lamente
D’appartenir sans force d’éternels attraits !
Hélas ! entre les bras qui naissent des forêts,
Une tendre lueur d’heure ambiguë existe…
Là, d’un reste du jour, se forme un fiancé,
Nu, sur la place pâle où m’attire l’eau triste,
Délicieux démon désirable et glacé !

Te voici, mon doux corps de lune et de rosée,
Ô forme obéissante à mes vœux opposée !
Qu’ils sont beaux, de mes bras les dons vastes et vains !
Mes lentes mains, dans l’or adorable se lassent
D’appeler ce captif que les feuilles enlacent ;
Mon cœur jette aux échos l’éclat des noms divins !

    Mais que ta bouche est belle en ce muet blasphème !

Ô semblable !… Et pourtant plus parfait que moi-même,
Éphémère immortel, si clair devant mes yeux,
Pâles membres de perle, et ces cheveux soyeux,
Faut-il qu’à peine aimés, l’ombre les obscurcisse,