Page:Valéry - Œuvres de Paul Valery, Vol 3, 1933.djvu/186

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mémoire et la compréhension — et l’invention se nouent intimement.

Si un discours difficile nous est adressé, nous pouvons répéter les mots plus que les phrases ; les propositions nous restent plus que leur ordre, et la compréhension est donc une mémoire en action. Elle suppose un maximum qui ne peut ctre qu’un maximum de mémoire. — La compréhension est chose fermée.

Comprendre A, c’est le pouvoir de restituer A.

Et inventer, ce n’est que se comprendre.

On a l’idée d’un appareil réversible comme téléphone, ou dynamo.

Et comme si la tension d’audition arrivait à un point où se ferait la réflexion des ondes sur la discontinuité, sur l’extrémité rompue d’un fil conducteur.

Le zéro et la tension ne peuvent coexister.

Le silence et l’attention sont incompatibles. Il faut que le courant soit fermé.

Créer donc l’espèce de silence à laquelle répond le beau. Ou le vers pur, ou l’idée lumineuse... Alors le vers semble né de lui-même, né de la nécessité — qui est précisément mon état — et se trouve mémoire. Ou plutôt, est à la fois élément intégrant de mémoire, d’acte, de perception, nouveauté fixée et