Page:Valéry - Œuvres de Paul Valery, Vol 3, 1933.djvu/38

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ÉTÉ A Francis Viélé-Griffin Été, roche d’air pur, et toi, ardente ruche, O mer ! Éparpillée en mille mouches sur Les touffes d’une chair fraîche comme une cruche, Et jusque dans la bouche où bourdonne l’azur ; Et toi, maison brûlante, Espace, cher Espace Tranquille, où l’arbre fume et perd quelques oiseaux, Où crève infiniment la rumeur de la masse De la mer, de la marche et des troupes des eaux, Tonnes d’odeurs, grands ronds par les races heureuses Sur le golfe qui mange et qui monte au soleil, Nids purs, écluses d’herbe, ombres des vagues creuses, Bercez l’enfant ravie en un poreux sommeil ! Dont les jambes, (mais l’une est fraîche et se dénoue De la plus rose), les épaules, le sein dur, Le bras qui se mélange à l’écumeuse joue Brillent abandonnés autour du vase obscur