Page:Valéry - Œuvres de Paul Valery, Vol 3, 1933.djvu/49

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AIR DE SÉMIRAMIS A Camille Mauclair Dès l’aube, chers rayons, mon front songe à vous ceindre ! A peine il se redresse, il voit d’un œil qui dort Sur le marbre absolu, le temps pâle se peindre, L’heure sur moi descendre et croître jusqu’à l’or... + ...« Existe !.. Sois enfin toi-même ! dit l’Aurore, 0 grande âme, il est temps que tu formes un corps ! Hâte-toi de choisir un jour digne d’éclore, Parmi tant d’autres feux, tes immortels trésors ! Déjà, contre la nuit lutte l’âpre trompette ! Une lèvre vivante attaque l’air glacé ; L’or pur, de tour en tour, éclate et se répète, Rappelant tout l’espace aux splendeurs du passé ! Remonte aux Vrais regards ! Tire-toi de tes ombres, Et comme du nageur, dans le plein de la mer, Le talon tout-puissant l’expulse des eaux sombres, Toi, frappe au fond de l’être ! Interpelle ta chair,