Page:Valéry - Œuvres de Paul Valery, Vol 3, 1933.djvu/76

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Quelle résisterait, mortelle, à ces remous ?
Quelle mortelle ?

                        Moi si pure, mes genoux
Pressentent les terreurs de genoux sans défense…
L’air me brise. L’oiseau perce de cris d’enfance
Inouïs…l’ombre même où se serre mon cœur,
Et roses ! mon soupir vous soulève, vainqueur
Hélas ! des bras si doux qui ferment la corbeille…
Oh ! parmi mes cheveux pèse d’un poids d’abeille,
Plongeant toujours plus ivre au baiser plus aigu,
Le point délicieux de mon jour ambigu…
Lumière !… Ou toi, la mort ! Mais le plus prompt me prenne !…
Mon cœur bat ! mon cœur bat ! Mon sein brûle et m’entraîne !
Ah ! qu’il s’enfle, se gonfle et se tende, ce dur
Très doux témoin captif de mes réseaux d’azur…
Dur en moi… mais si doux à la bouche infinie !…

Chers fantômes naissants dont la soif m’est unie,
Désirs ! Visages clairs !… Et vous, beaux fruits d’amour,
Les dieux m’ont-ils formé ce maternel contour