Page:Valéry - Œuvres de Paul Valery, Vol 3, 1933.djvu/99

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Pressens autour de toi d’autres vivants liés
            Par l’hydre vénérable ;
Tes pareils sont nombreux, des pins aux peupliers,
            De l’yeuse à l’érable,

Qui, par les morts saisis, les pieds échévelés
            Dans la confuse cendre,
Sentent les fuir les fleurs, et leurs spermes ailés,
            Le cours léger descendre.

Le tremble pur, le charme, et ce hêtre formé
            De quatre jeunes femmes,
Ne cessent point de battre un ciel toujours fermé,
            Vêtus en vain de rames.
 
Ils vivent séparés, ils pleurent confondus
            Dans une seule absence,
Et leurs membres d’argent sont vainement fendus
            À leur douce naissance.

Quand l’âme lentement qu’ils expirent le soir
            Vers l’Aphrodite monte,
La vierge doit dans l’ombre, en silence, s’asseoir,
            Toute chaude de honte.