PREFACE
AUX LETTRES PERSANES*
Le recueil délicieux des LETTRES PERSANES jette moins dans les songes que dans les pensées. Il est peut-être permis a des réflexions qui ont eu Montesquieu pour prétexe, qu’elles s’étendent un peu loin, et recherchent le fond de sa fantaisie. Je y ai s divaguer sérieusement.
Une société s’élève de la brutalité jusqu’à l’ordre. Comme la barbarie est l’ère du fait, il est donc nécessaire que l’ère de l’ordre soit l’empire des fictions, — car il n’y a point de puissance capable de fonder l’ordre sur la seule contrainte des corps par les corps. Il y faut des forces fictives.
L’ordre exige donc dans V action de présence de choses absentes, et résulte de l’équilibre des instincts par les idéaux. 4 Cet essai a servi de préface à une édition des Lettres Persanes parue en 1926.
