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STENDHAL[1]


À Monsieur Jules Cambon
Ambassadeur de France


Je viens de relire un Lucien Leuwen qui n’est pas tout à fait celui que j’ai tant aimé il y a trente ans. J’ai changé et il a changé. Je me hâte de dire que le second Leuwen, qui réforme, augmente et améliore le premier, développe, après l’avoir ravivé, le délicieux souvenir de l’ancienne lecture. Mais je ne renie pas mon plaisir de jadis.

L’opinion s’est montrée parfois rigoureuse pour Jean de Mitty, qui fut le premier éditeur de Leuwen, vers 1894. Je veux bien que le texte qu’il nous offrit à cette époque paraisse désormais un texte regrettable, écourté, assez gravement altéré

  1. Cet essai a servi de préface à l’édition de Lucien Leuwen publiée dans les Œuvres Complètes de Stendhal (Champion 1926).