Page:Valéry - Introduction à la méthode de Léonard de Vinci, 1919.djvu/30

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de merveilles incorruptibles ses vides catégories intellectuelles.

Un dogme qui concède à l’organisation corporelle cette importance à peine secondaire, qui réduit remarquablement l’âme, qui nous interdit et nous épargne le ridicule de nous la figurer, qui va jusqu’à l’obliger de se réincarner pour qu’elle puisse participer à la pleine vie éternelle, ce dogme si exactement contraire au spiritualisme pur, sépare, de la manière la plus sensible, l’Église, de la plupart des autres confessions chrétiennes. — Mais il me semble que depuis deux ou trois siècles, il n’est pas d’article sur lequel la littérature religieuse ait passé plus légèrement. Apologistes, prédicateurs n’en parlent guère… La cause de ce demi-silence m’échappe.



Je me suis égaré si loin dans Léonard que je ne sais pas tout d’un coup revenir à moi-même… Bah ! Tout chemin m’y reconduira : c’est la définition de ce moi-même. Il ne peut pas absolument se perdre, il ne perd que son temps.

Suivons donc un peu plus avant la pente et la tentation de l’esprit ; suivons-les malheureusement sans craintes, cela ne mène à aucun fond véritable. Même notre pensée la plus « profonde » est contenue dans les conditions invincibles qui font que toute pensée est « superficielle ». On ne pénètre que dans une forêt de transpositions ; ou bien c’est un palais fermé de miroirs, que féconde une lampe solitaire qu’ils enfantent à l’infini.

Mais encore, essayons de notre seule curiosité pour nous éclairer le système caché de quelque individu de la