Page:Valéry - Introduction à la méthode de Léonard de Vinci, 1919.djvu/76

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dans l’espace, n’est autre que la division d’un objet de pensée, en fragments tels qu’ils puissent se remplacer l’un par l’autre, à de certaines conditions définies, — ou la multiplication de cet objet sous les mêmes conditions.

Pourquoi, de tout ce qui existe, une partie seulement peut-elle se réduire ainsi ? Il y a un instant où la figure devient si complexe, où l’événement paraît si neuf qu’il faut renoncer à les saisir d’ensemble, à poursuivre leur traduction en valeurs continues. À quel point les Euclides se sont-ils arrêtés dans l’intelligence des formes ? À quel degré de l’interruption de la continuité figurée se sont-ils heurtés ? C’est un point final d’une recherche où l’on ne peut s’empêcher d’être tenté par les doctrines de l’évolution. On ne veut pas s’avouer que cette borne peut être définitive.

Le sûr est que toutes les spéculations ont pour fondement et pour but l’extension de la continuité à l’aide de métaphores, d’abstractions et de langages. Les arts en font un usage dont nous parlerons bientôt.

Nous arrivons à nous représenter le monde comme se laissant réduire, çà et là, en éléments intelligibles. Tantôt nos sens y suffisent, d’autres fois les plus in-