Page:Valéry - Regards sur le monde actuel, 1931.djvu/111

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une forme de vie, ou une variation de la vie plus ou moins stable.

On voit par ces remarques très simples que la connaissance d’un pays nous demande deux genres de recherches d’inégale difficulté. Ici, comme en bien d’autres matières, il se trouve que ce qui nous importerait le plus de connaître est aussi le plus difficile. Les mœurs, les idéaux, la politique, les produits de l’esprit sont les effets incalculables de causes infiniment enchevêtrées, où l’intelligence se perd au milieu de nombre de facteurs indépendants et de leurs combinaisons, où même la statistique est grossièrement incapable de nous servir. Cette grande impuissance est fatale à l’espèce humaine ; c’est elle, bien plus que les intérêts, qui oppose les nations les unes aux autres, et qui s’oppose à une organisation de l’ensemble des hommes sur le globe, entreprise jusqu’ici vainement tentée par l’esprit de conquête, par l’esprit religieux,