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raison des métriques et des prosodies de quelques peuples, on ne peut pas ne pas apercevoir un fait, qui pour être assez connu et très sensible, n’a pas été, je crois, suffisamment considéré et interrogé.

La poésie française diffère musicalement de toutes les autres, au point d’avoir été regardée parfois comme presque privée de bien des charmes et des ressources qui se trouvent en d’autres langues à la disposition des poètes. Je crois bien que c’est là une erreur ; mais cette erreur, comme il arrive fort souvent, est une déduction illégitime et subjective d’une observation exacte. C’est la langue elle-même qu’il fallait considérer pour en définir la singularité phonétique ; celle-ci bien déterminée, on pourrait chercher à se l’expliquer.

Trois caractères distinguent nettement le français des autres langues occidentales : le français, bien parlé, ne chante