Page:Valéry - Regards sur le monde actuel, 1931.djvu/14

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étudier l’histoire, et même l’approfondir, pour se faire une idée juste du jour même. Je savais que toutes les têtes occupées du lendemain des peuples en étaient nourries. Mais quant à moi je n’y trouvai qu’un horrible mélange. Sous le nom d’histoire de l’Europe, je ne voyais qu’une collection de chroniques parallèles qui s’entremêlaient par endroits. Aucune méthode ne semblait avoir précédé le choix des « faits », décidé de leur importance, déterminé nettement l’objet poursuivi. Je remarquai un nombre incroyable d’hypothèses implicites et d’entités mal définies.

L’histoire, ayant pour matière la quantité des événements ou des états qui dans le passé ont pu tomber sous le sens de quelque témoin, la sélection, la classification, l’expression des faits qui nous sont