Page:Valéry - Regards sur le monde actuel, 1931.djvu/164

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ter l’inégalité. Ils se dépensent, et souvent ils se sacrifient dans l’entreprise de faire aux autres ce qu’ils ne voudraient pas qu’on leur fît. Or, il faut nécessairement mépriser les gens, parfois sans en avoir le sentiment, et même avec une bonne conscience, — pour s’employer à les réduire ou à les séduire. Au commencement est le mépris : pas de réciprocité plus aisée, ni de plus prompte à établir.

Une méconnaissance, un mutuel dédain, et même une antipathie essentielle, une sorte de négation en partie double, quelques arrière-pensées de violence ou d’astuce, — telle était jusqu’ici la substance psychologique des rapports qu’entretenaient les uns avec les autres les magots et les diables étrangers.

Mais le temps vient que les diables étrangers se doivent émouvoir des immenses effets de leurs vertus actives. Ces étranges démons, ivres d’idées, altérés de puissance et de connaissances, excitant,