bouleverse dans chaque tête l’idée qu’elle s’était faite du monde et du lendemain.
C’est que la paix n’est qu’un système de conventions, un équilibre de symboles, un édifice essentiellement fiduciaire. La menace y tient lieu de l’acte ; le papier y tient lieu de l’or ; l’or y tient lieu de tout. Le crédit, les probabilités, les habitudes, les souvenirs et les paroles, sont alors des éléments immédiats du jeu politique, — car toute politique est spéculation, opération plus ou moins réelle sur des valeurs fictives. Toute politique se réduit à faire de l’escompte ou du report de puissance. La guerre liquide enfin ces positions, exige la présence et le versement des forces vraies, éprouve les cœurs, ouvre les coffres, oppose le fait à l’idée, les résultats aux renommées, l’accident aux prévisions, la mort aux phrases. Elle tend à faire dépendre le sort ultérieur des choses de la réalité toute brute de l’instant.
La dernière guerre a donc été féconde