Page:Valéry - Regards sur le monde actuel, 1931.djvu/199

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

civilisation toujours plus ornée et plus éloignée de la violence, — des hommes profondément dévoués à leur devoir sévère, qui connaissent la fragilité des supports du splendide édifice de la paix, la charge énorme des antagonismes et des antipathies, — des hommes qui doivent, au jour critique, se trouver brusquement investis de pouvoirs et de responsabilités immenses, se préparent à ce jour solennel qui peut-être ne luira jamais. Ils travaillent parallèlement et jalousement. Les états-majors calculent, croisent leurs desseins opposés qu’ils devinent et pénètrent. Ils forment toutes les hypothèses ; répondent à toute amélioration du système rival, chacun cherchant à organiser à son profit l’inégalité décisive. Des deux côtés de la frontière, encore imperceptibles et bien éloignés de l’éclat et de l’importance capitale que les événements leur donneront, les Klück, les Falkenhayn, les Hindenburg, les Ludendorff, là-bas ; ici, les