Page:Valbezen - Les Anglais et l’Inde, 1857.djvu/29

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
19
LES FONCTIONNAIRES CIVILS

énergiques, furent couronnés de succès, et les agents tombèrent dans la plus profonde détresse. Un homme, qui depuis s’est élevé au premier rang de la hiérarchie indienne, raconte qu’à ses débuts dans le service civil, en 4769, étant attaché comme commis au bureau secret politique, son salaire de 8 roupies par mois ne suffisait pas à payer son loyer, et que souvent il se mettait au lit à huit heures pour ne pas brûler de chandelle. Toutefois, ces réformes extrêmes n’eurent qu’un effet passager ; les prévaricateurs étaient trop nombreux pour ne pas résister victorieusement à l’énergie des gouverneurs et aux ordres de la cour des directeurs, quelque rigoureux qu’ils fussent. Le commerce des agents n’était pas le seul abus qui fît obstacle au succès de la compagnie* Les princes natifs ne reculaient, par exemple, devant aucun sacrifice pour acheter le bon vouloir des employés européens : M. Shore, depuis lord Teignmouth, rapporte dans sa correspondance privée qu’étant chargé d’une mission près du nabab de Lucknow, il lui fut offert cinq lacs de roupies et 8, 000 goldmohurs (1,570,000 fr.) pour le dernier mot de certaines négociations, offres magnifiques qu’il refusa[1]. Le duc de Wellington, alors sir Arthur Wellesley, lorsqu’il dirigeait les négociations d*un traité de paix entre les princes mahrattes et le nizzam de Hyderabad, reçut un matin la visite du premier ministre de ce dernier, qui lui offrit 100,000 livres sterling pour prix du secret de ses instructions, secret qu’il lui promettait de garder religieusement. « Vous êtes

  1. Un lac de roupies vaut 100,000 roupies, ou 250,000 francs.