se retirait au petit pas devant la ligne des chasseurs : j’eus le premier feu, mon ami J… le second. Après avoir essuyé ce premier salut, le tigre fit environ cent pas de retraite, puis prenant un parti héroïque, s’élança sur la ligne des éléphants, majestueux, l’œil en feu, le poil hérissé, et poussant une série de rugissements auprès desquels la valse infernale de Robert-le-Diable n’est bien décidément que de la petite musique. La brave bête s’avança ainsi jusqu’à dix pas de notre centre, au milieu d’une volée de balles et des cris enthousiastes des chasseurs. Là, sans doute, frappé à mort, le tigre se détourna de sa course et franchit la ligne entre les deux éléphants de l’extrême droite. J’étais tellement saisi d’admiration, d’admiration c’est le mot, que, pendant cette dernière phase du combat je ne pensai point à y prendre une part active, et, spectateur immobile, dévorai du regard tous les détails de cette noble lutte de l’homme aux prises avec la nature sauvage ; wheel on the right forwards, cria une voix retentissante, commandement qui fut exécuté au milieu d’un immense hurrah britannique. À quinze pas environ du lieu de notre changement de front, le tigre, étendu sur le flanc droit dans une clairière, rendait le dernier soupir sans grands efforts. Quoiqu’il eût reçu sept balles, pas une goutte de sang ne souillait sa peau : c’était une tigresse de trois ans, a maid, à ce que m’assura un vieil amateur ; elle mesurait huit pieds trois quarts du museau à l’extrémité de la queue.
Il est temps de rentrer intra muros, et de dire quel-