terre ; mais ce privilège, tout considérable qu’il est, n’est pas le seul dont jouissent les habitants de la cité chérie du dieu Brahma : un pèlerinage dans ses murs vous assure indulgences plénières, et quiconque aie bonheur d’y fermer les yeux, échappant aux transmigrations redoutables dont la loi hindoue est si prodigue, se trouve absorbé immédiatement au plus profond de la divinité… Ainsi soit-il ! Ces croyances, qui pour la population de tout le continent indien sont encore à l’état de dogme incontesté et incontestable, expliquent le nombre immense de pèlerins qui visitent chaque année Bénarès, et la population de plus d’un million d’âmes réunie en ses murs.
Vu du fleuve, l’ensemble de la cité sainte est quelque chose d’imposant et de bizarre. Sur la rive droite du Gange, une plaine basse s’étend à perte de vue, tandis que sur la rive gauche la ville s’élève en amphithéâtre et présente une longue suite de constructions monumentales d’une architecture peut-être bizarre, mais dont l’ensemble n’est pas dépourvu de majesté. Ces édifices, palais, temples ou forteresses, car on ne saurait d’abord en définir le caractère, ces édifices, dis-je, flanqués de tours, avec un haut portail, de longues et étroites fenêtres, un panache de tourillons et de pavillons chinois, dominent fièrement la rivière, et communiquent avec elle par des escaliers monumentaux, ghauts, suivant le nom consacré, presque tous comparables pour la grandeur de leurs proportions au magnifique escalier de Versailles. Des centaines de