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LES FONCTIONNAIRES CIVILS

mais, au milieu des dissensions intestines qui ravagèrent le pays, chacun des’ heureux aventuriers que la fortune des armes conduisit au pouvoir suprême se crut en droit de faire subir aux Européens le poids de sa tyrannie et d’extorquer d’eux des sommes souvent considérables. L’instinct de la conservation personnelle poussa la compagnie des Indes à prendre part aux querelles dont les ravages s’étendaient jusqu’aux portes de ses établissements, et quelques heureux faits de guerre jetèrent, sans plan prémédité à l’avance, les premiers jalons de la route que le char victorieux de l’Angleterre devait si glorieusement parcourir dans l’Inde. C’est un devoir pour l’écrivain de ne pas laisser passer ce fait considérable inaperçu, et de constater que ce fut sous l’empire d’une absolue nécessité, sans idée aucune d’extension de territoire, que la compagnie commença ses travaux militaires. En un mot, ses débuts comme puissance politique dans l’Inde, la conquête des provinces du Bengale, Behar et Orissa, ne furent qu’une juste représaille des horreurs de cette nuit terrible du 20 juin 1759, où cent soixante Européens périrent asphyxiés dans la prison (Black-Hole) où le nabab du Bengale les avait fait enfermer.

Les conditions de la conquête toutefois ne furent pas moins singulières que les circonstances qui l’avaient provoquée. Aux premiers jours, les provinces indiennes ne furent pas cédées à la compagnie d’une manière absolue, et elle n’obtint du Grand Mogol que les droits qu’il déléguait aux grands officiers de la couronne. Il