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LES FONCTIONNAIRES CIVILS

fidèlement de nouveau devant ce dernier les détails du crime imaginaire ; puis, croyant alors avoir rempli honnêtement tous les termes du contrat, ils ne comparurent devant le juge du district que pour nier leurs aveux précédents, et affirmer qu’ils n’avaient fait autre chose que d’apposer leur signature à des papiers écrits par les principaux du village et dont ils ne connaissaient pas le contenu, ignorance que de nombreux témoins pouvaient affirmer. Ces témoins, dont ils avaient sans doute d’avance payé le concours, furent appelés aux assises ; mais soit qu’ils eussent été achetés à un prix supérieur par le darogah, soit qu’ils fussent intimidés, ils confirmèrent purement et simplement les faits de l’enquête, ajoutant qu’ils avaient entendu l’aveu du crime sortir de la bouche des accusés. Une condamnation capitale termina le procès. Ce fut seulement alors que les condamnés avouèrent leur transaction avec le darogah, et purent, heureusement pour eux, donner la preuve qu’au moment du meurtre ils étaient renfermés dans la prison du district.

Ce ne sont pas là, nous le répétons, des histoires faites à plaisir ; quiconque a vécu dans l’Inde les reconnaîtra pour exactes ; quiconque réfléchira qu’au Bengale le prix courant d’un faux témoignage est d’un ana (17 centimes), comprendra facilement que, ne fût-il pas vrai, notre récit est au moins très-vraisemblable. Voici du reste les opinions qu’un Hindou dont le nom est arrivé jusqu’en Europe, et qui se distinguait parmi ses compatriotes par ses lumières, ses idées libérales, son goût