Page:Vallès - L’Insurgé.djvu/175

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La terre tremble sous les pieds de cette multitude qui a l’air de marcher au pas, et le refrain de l’hymne va battre le ciel de son aile.


— Halte-là !

La troupe nous barre la route.

Rochefort descend :

— Je suis député et j’ai le droit de passer

— Vous ne passerez pas !

Je regarde en arrière. Sur toute la longueur de l’avenue, le cortège s’est égrené, cassé. Il se faisait tard, on était las, on avait chanté…

La journée est finie.


Un petit vieux trottine près de moi, seul, tout seul, mais suivi, je le vois, par le regard d’une bande au milieu de laquelle je reconnais des amis de Blanqui.

C’est lui, l’homme qui longe cette muraille, après avoir rôdé tout le jour sur les flancs du volcan, regardant si, au-dessus de la foule, ne jaillissait pas une flamme qui serait le premier flamboiement du drapeau rouge.

Cet isolé, ce petit vieux, c’est Blanqui !


— Que faites-vous donc là ?

J’étais resté cloué sur place, stupéfait de voir soudain ce calme et ce vide.