Page:Vallès - L’Insurgé.djvu/206

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Je laisse pleurer le mouton ! mais il me semble que depuis que je suis au monde il ne fait que sangloter devant moi, ce mouton, et je suis toujours condamné à attendre qu’il ait fini.

Vas-y, mon gros ! Pourvu qu’on me laisse y aller de ma larme aussi !… C’est moins sûr, ça.


Alors, nous sommes en République ? Tiens ! tiens !!

Pourtant, quand j’ai voulu entrer à l’Hôtel-de-Ville, on m’a écrasé les pieds à coups de crosse, et comme je me faisais reconnaître :

— Ne laissez pas passer ce bougre-là, surtout, a crié le chef de poste. Savez-vous ce qu’il disait tout à l’heure ? « Qu’il faudrait fiche par les fenêtres ce gouvernement de carton et proclamer la Révolution ! »


Ai-je dit cela ?… c’est bien possible. Mais pas dans ces termes-là, toujours !

Ce n’est pas moi qui grimperai sur une chaise pour faire pst ! pst ! à la Sociale. Par exemple, si elle avait montré son nez, je ne lui aurais certes pas refusé un coup de main pour faire passer toute cette députasserie par les croisées — sans défendre pourtant d’étendre des matelas dessous, pour qu’ils ne se fissent pas trop bobo.


Dans plusieurs endroits, on avait attrapé les policiers et on les houspillait. Quelques bourgeois, à