Page:Vallès - L’Insurgé.djvu/218

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dans une salle grande et nue comme une classe de collège.

Saluez ! Voici le nouveau parlement !


C’est la Révolution qui est assise sur ces bancs, debout contre ces murs, accoudée à cette tribune : la Révolution en habit d’ouvrier ! C’est ici que l’Association internationale des travailleurs tient ses séances, et que la Fédération des corporations ouvrières donne ses rendez-vous.

Cela vaut tous les forums antiques, et par les fenêtres peuvent passer des mots qui feront écumer la multitude, tout comme ceux que Danton, débraillé et tonnant, jetait par les croisées du Palais de Justice au peuple qu’affolait Robespierre !


Les gestes ne sont pas terribles comme ceux qu’on faisait alors, et l’on n’entend pas vibrer dans un coin le tambour de Santerre. Il n’y a pas non plus le mystère des conspirations, où l’on jure avec le bandeau sur les yeux et sous la pointe d’un poignard.

C’est le Travail en manches de chemise, simple et fort, avec des bras de forgeron, le Travail qui fait reluire ses outils dans l’ombre et crie :

— On ne me tue pas, moi ! On ne me tue pas, et je vais parler !


Et il a parlé !