Page:Vallès - L’Insurgé.djvu/268

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Quand on se leva, on entendit le canon tonner d’une voix qu’on ne connaissait pas. C’était le bombardement qui commençait.

Et notre manifeste était là… transi comme nous !

Je ne saurais dire notre douleur : nous avions peur d’avoir été indignes des nôtres, et les obus nouveaux nous sifflaient aux oreilles comme, au théâtre, la colère d’un public déçu.

Il fallait une phrase, rien qu’une, mais il en fallait une où palpitât l’âme de Paris ; il fallait un mot à Paris aussi pour prendre position dans l’avenir.


On se traîna vers la Corderie sans avoir conclu, ne se souciant pas du péril, ayant plutôt le secret désir d’être tué avant d’arriver.

À une détonation plus forte, cependant, Tridon se secoua, et regardant le ciel, fronçant le sourcil, il essaya dans l’air gelé une phrase, un mot…

Il avait trouvé !


La proclamation, lue dans un silence solennel, fut couverte d’applaudissements.

Elle se terminait ainsi :

« Place au Peuple ! Place à la Commune ! »


C’est cette proclamation-là qu’ils vont poursuivre. Ce n’était pas un appel à la rébellion, pourtant, c’était un cri échappé à des cœurs en fièvre, et