Page:Vallès - L’Insurgé.djvu/276

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Juin a reconnu. Au mur aussi !… Leurs cadavres sont maintenant étendus, troués comme des écumoires, dans un jardin de la rue des Rosiers, là-haut à Montmartre.

Il s’est tu.


Allons ! C’est la Révolution !

La voilà donc, la minute espérée et attendue depuis la première cruauté du père, depuis la première gifle du cuistre, depuis le premier jour passé sans pain, depuis la première nuit passée sans logis — voilà la revanche du collège, de la misère, et de Décembre !

J’ai eu un frisson tout de même. Je n’aurais pas voulu ces taches de sang sur nos mains, dès l’aube de notre victoire.

Peut-être aussi est-ce la perspective de la retraite coupée, de l’inévitable tuerie, du noir péril, qui m’a refroidi les moelles… moins par peur d’être compris dans l’hécatombe, que parce que me glace l’idée que je pourrai, un jour, avoir à la commander.


— Vos dernières nouvelles sont de quand ?

— D’il y a une heure.

— Et vous êtes sûr qu’on ne s’est point battu, qu’il n’a surgi rien de nouveau, ni de tragique, depuis la fusillade de tantôt ?

— Rien.