Page:Vallès - L’Insurgé.djvu/28

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sant le coq et le cochon, glapissant toujours : À bas le pion !


On pousse la porte…

C’est le proviseur lui-même. Il a l’air stupéfait de me voir bannière au vent, les pieds nus sur le carreau, mon vase de nuit d’une main, mon bougeoir de l’autre, et il balbutie d’un air égaré :

— Vous n’en… n’en… n’entendez donc pas ?

— ???

— Cette révolte !… ces cris !…

— Des cris ?… une révolte ?…

Je me suis frotté les yeux et j’ai pris la mine ahurie et confuse… Oh ! il a bien vu de quoi il retournait, et il est parti, blanc comme la faïence du pot. Il n’y aura plus d’émeute au dortoir : il n’y a pas de danger !

Je me recouche, désolé que le boucan soit fini.

Mais je vois bien que je suis fichu. Je vais me payer des fantaisies, avant qu’on me chasse.


L’occasion vient de se présenter.

Le professeur de rhétorique est tombé malade. Il est de règle que ce soit le maître d’études qui remplace le titulaire, quand celui-ci est, par extraordinaire, empêché ou absent.

C’est donc moi qui ferai la classe ce soir, qui monterai à cette chaire.


M’y voici.