Page:Vallès - L’Insurgé.djvu/284

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Aujourd’hui, une demi-douzaine de garçons à gros souliers, avec un képi à filets de laine, vêtus de la capote ou de la vareuse, sans une épaulette ni une dragonne, sont sous ce plafond à cartouches fleurdelisés, le Gouvernement.


À peine ils s’aperçoivent qu’un étranger est entré ! Ce n’est qu’au bout de cinq minutes de rôderie que je me décide à approcher du récureur de pistolet qui, du reste, ne rit plus et dit, d’une voix ferme, à un nouvel arrivé :

— Ah ! mais non ! On veut encore escamoter la Révolution ! J’aimerais mieux me faire sauter le caisson que de signer… je ne signe pas !


Il me voit, et m’interpellant brusquement :

— Est-ce que vous êtes aussi un délégué des mairies, vous ?

— Je suis le rédacteur en chef du Cri du Peuple.

— Et vous ne disiez rien ! Et vous restiez là comme le dernier venu !…


Je suis le dernier venu, en effet ; je n’ai été ni avec les fusilleurs hier matin, ni avec les barricadiers hier soir.

Je lui avoue mes hésitations, comment je suis resté sur la défensive.

— Je comprends, dit-il, notre obscurité nous rend suspects !… Mais il y a derrière nous un demi-