Page:Vallès - L’Insurgé.djvu/287

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— Pour qu’on nous accuse de pillage, de vol !…

Et des exclamations de frayeur, un mouvement d’hésitation, un effroi de pauvres, un tremblement de ces mains noires qui n’ont jusqu’ici touché que l’argent du travail, aux soirs de paie, et qui ne veulent pas toucher à des billets de banque en tas, à des monceaux d’or mis sous clef !


— Il faut pourtant bien fournir la solde aux gardes nationaux, leur conserver leurs trente sous ! Que diraient les femmes ? Si la bourgeoise se met contre nous, le mouvement est enrayé, la Révolution est perdue.

— C’est vrai !

— Et le pire, ce qui est plus à craindre encore, c’est qu’il y aura des indisciplinés qui iront en bandes prendre le pain qu’il leur faut, et plus de vin qu’il ne faudra. Ils forceront les portes, au gré de leur appétit ou de leur soif, à la suffisance de leur colère… et il y aura trois cents canailles ou étourneaux qui feront passer les communards pour un ramassis de trois cent mille coquins !


— Mais il n’y a peut-être pas de quoi régler deux journées dans ces malheureux coffres !

— Quand il n’y en aurait que pour vingt-quatre heures, c’est ce temps-là qu’il faut gagner. Tout nous retombera sur la tête… mais elles tiennent si