Page:Vallès - L’Insurgé.djvu/300

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le ventre, avec une moue d’homme qui se connaît plus en peau de vache qu’en maroquin.

Tandis qu’il cire son fil ou promène son tranchet dans le dos de chèvre, il suit aussi le fil des grandes idées, et découpe une république à lui dans les républiques des penseurs.


Et, à la tribune, il sait faire reluire et cambrer sa phrase comme l’empeigne d’un soulier, affilant sa blague en museau de bottine, ou enfonçant ses arguments, comme des clous à travers des talons de renfort ! Dans son sac d’orateur, il a de la fantaisie et du solide, de même qu’il porte, dans sa « toilette » de serge, des mules de marquise et des socques de maçon.

Tribun de chand de vin, curieux avec sa gouaillerie et ses colères, maniaque de la contradiction, éloquent devant le zinc et au club, toujours prêt à s’arroser la dalle, défendant toutes les libertés… celle de la soûlaison comme les autres !


— G’nia qu’deux questions ! Primo : l’intérêt du Cap’tal !

Il ne fait que deux syllabes du mot. Il avale l’i avec la joie d’un homme qui mange le nez à son adversaire.

— Segondo : l’autonomie ! Vous devez connaître ça, Vingtras, vous qui avez fait vos classes ? Ça vient du grec, à ce qu’ils disent, les bacheliers !… Ils sa-