Page:Vallès - L’Insurgé.djvu/316

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

teur, marchand de livraisons, romancier, courriériste du Quartier-Latin, lâchant un livre sur Bullier, fondant une gazette de semaine, puis écrivant un roman : Desperanza. Son activité a mordu à tout, et s’y est cassé les dents. Alors, il a acheté une drogue qui tue, a voulu mourir… puis s’est cramponné à l’existence, ayant rendu un peu de sa tristesse dans le vomissement de l’arsenic.


On dit que l’amour a été pour quelque chose dans cette tentative.

L’amour, non ! — Une femme, peut-être.


Ce vouleur terrible, ce travailleur à outrance, se bat nuit et jour avec une créature qui est sa compagne de foyer et de lit !

Sa tête, faite pour les grandes blessures, — plaie de barricade ou saignée d’échafaud ! — se montre quelquefois griffée et ridicule. Une mégère le tient sous ses ongles et l’escorte de ses injures, en pleine rue.

Il doit se passer chez lui des scènes affreuses : la gouvernante de cet abbé laïque l’assassine à coups d’épingle. Il aime peut-être cet envoûtement, ayant la nostalgie du cilice entrevu, la soif du vinaigre — offert au bout d’un balai de ménagère, faute de la lance du Golgotha !


Il n’a jamais entendu frissonner une source, jamais regardé babiller un oiseau — portant son ciel