Page:Vallès - L’Insurgé.djvu/344

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De temps en temps, on me colle contre une maison et l’on parle de me régler mon compte.

Würtz, l’Alsacien, un des juges d’instruction de Ferré, vient de m’en sauver d’une belle à l’instant.


— Vous n’êtes pas Vingtras !

On s’est rassemblés.

— Un mouchard ! Abattez-nous çà !

— À la mairie ! À la mairie !

— Pourquoi à la mairie ? Là, contre la palissade !

— Jacques Vingtras a de la barbe. Vous n’êtes pas Jacques Vingtras !

— Au mur ! Au mur !!

Ce mur est la devanture d’un café de la rue Soufflot.

J’ai essayé de m’expliquer.

— Mais, sacrelotte ! depuis mon évasion du Cherche-Midi, j’ai gardé le menton ras !…


Malgré tout, j’allais quand même y passer, je crois bien, lorsque Würtz a sauté dans le groupe en fureur.

— Qu’allez-vous faire là !

On le connaît, si on ne me reconnaît pas. Et il jure que j’ai droit à mon nom.

— Pardon, excuse, citoyen !

Je me suis secoué comme un chien mouillé, et l’on est allés prendre un verre… tous en chœur !